


Annonçant peut-être la venue des soeurs François, Odile et Jeanne, à Boncourt, les graines en provenance de Belgique ont été très utiles pour combattre la sécheresse qui s’était abattue sur Boncourt en 1893.
Au cours des cinq cent dernières années, la sécheresse a régulièrement sévi en Suisse. Selon les recherches historiques des climatologues, 1540 et 1616 (été caniculaire) représentent des années records. En 1540, le Moyen Pays ne connut que six demijournées de pluie entre mars et septembre. Depuis la fin du XIXe siècle, d'intenses sécheresses estivales se sont produites : en 1893, 1904, 1911, 1921, 1934, 1945, 1947, 1949, 1950, 1952, 1959, 1976, 1983 et 2003. Le printemps 1843, l'été 1947 (qualifié "d'été du siècle"), ainsi que les années 1949 et 1976 causèrent les plus grands ravages.
Les zones les plus touchées furent généralement les régions basses du Moyen Pays, déjà peu arrosées en temps normal. En raison de la richesse topographique de la Suisse, les grandes sécheresses ne s'étendent jamais à l'ensemble du territoire, ce qui permet de compenser le manque d'eau à l'aide des régions de montagne généralement privilégiées en période de canicule et des pays limitrophes. On dispose alors aussi d'un excédent d'eau dû à l'accélération de la fonte des neiges et des glaciers dans les Alpes.
Malgré cela, la Confédération et les cantons durent mettre en oeuvre des programmes d'aide pour les exploitations agricoles les plus durement touchées par les mauvaises récoltes (céréales, foin) de 1947, 1949 et 1976. En 1947, la perte de gains pour les paysans fut chiffrée entre 700 millions et 1,1 milliard de francs (en fonction du niveau des prix de 1991). Les sécheresses causèrent en outre des problèmes dans l'approvisionnement régional en eau potable et dans la production d'électricité…

La récente découverte de ce document par Philippe Turrel permet d’élargir la notion de mécénat à un nouvel équipement public de Boncourt, le cimetière. A ce jour, aucun document n’était venu éclairer les circonstances de la création du cimetière. Cette découverte vient de combler cette lacune.
« Je soussigné, receveur de la caisse bourgeoise de Boncourt, déclare avoir reçu de Messieurs Burrus, Louis, Joseph, Martin, Jean-Baptiste, François et Jules, tous de Boncourt, la somme de trois mille francs, à titre de don à la bourgeoisie de Boncourt, et ce pour la construction du nouveau cimetière, dont quittance au nom de cette dernière.
Boncourt, le 5 septembre 1889 - A.Plomb».

Saviez-vous que, pendant les deux guerres mondiales, les Burrus se sont livrés à des activités d’espionnage en faveur de la France et de ses alliés ? Espionnage est sans doute un grand mot, mais toujours est-il que la famille Burrus, profitant de la proximité de la frontière, organisait la transmission d’informations aux services du renseignement français. Elle ne manquait pas d’imagination.
En 1914, Henry Burrus rassemblait les enfants du village et leur demandait d’aller jouer au football à deux pas de la frontière. Les footballeurs étaient chargés de shooter dans un ballon en territoire français. Un ballon très spécial, puisqu’il était rempli de documents destinés au Deuxième bureau, les services secrets français. Le ballon s’envolait de l’autre côté de la frontière… et était récupéré aussitôt par un agent.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est Charles Burrus, encore enfant, qui était chargé de mission : à l’intérieur des cahiers placés dans son cartable d’écolier, sa mère Guigui glissait des documents destinés aux Alliés. « Avec mon cartable sur le dos, se rappelle Charles, j’allais soi-disant rendre mes devoirs à l’institutrice de la Queue-de-Loup, qui me servait prétendument de répétitrice. En réalité, je m’arrêtais dans une ferme et je donnais les documents à l’agricultrice, qui se chargeait de les transmettre à qui de droit. »
Pour compléter cette chronique des Burrus en temps de guerre, ajoutons que Robert Burrus, frère de Léon, dirigeait l’entreprise Turmac à Zurich. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est contacté par une firme juive de Genève qui l’appelle au secours : l’un de ses directeurs, Otto Margulies, risque les camps de concentration. La lettre J est déjà inscrite sur son passeport. Robert Burrus n’hésite pas : il engage Otto Margulies comme directeur de Turmac, offrant à cet homme brillant et à sa famille le soutien et la protection des Burrus.
L’engagement inconditionnel de la Manufacture Burrus en faveur des Alliés lui vaut de figurer sur la liste des entreprises européennes qui ont droit aux « Navy Certificates » des certificats de navigation autorisant le transport par bateau des marchandises destinées à l’importation.
Après la guerre, le général américain commandant la zone internationale de Trieste cherche, pour l’approvisionnement de la ville en cigarettes un fabricant de tabac qui ne s’est jamais compromis ni avec les nazis, ni avec les communistes. Son choix se porte sur les sociétés F.J. Burrus et Turmac, qui se voient ainsi récompensées involontairement de leur attitude intègre pendant le conflit : pendant plusieurs années, les deux sociétés-soeurs exporteront à Trieste leurs marques FIB et Astoria.
Durant la guerre froide, Gérard Burrus a longtemps collaboré avec les services de renseignements suisses à l’époque de la lutte contre l’empire soviétique.

Peut-être avez-vous croisé Benoît Burrus sur les routes de Boncourt, cavalier intrépide sur son tracteur géant, tirant une immense remorque chargée de foins à destination des agriculteurs français ou suisses. Né en 1962, le bonhomme est rond et trapu, parlant haut et fort, tout en gouaille et volontiers hâbleur. Voici Benoît Burrus, le dernier des Burrus de Boncourt ! Une figure locale haute en couleurs qui défraye souvent la chronique boncourtoise par ses frasques sociales.
Il est un des fils d’Alfred Burrus né en 1928 et de Blandine Goffinet, née en 1925. Solide et charismatique personnage, Alfred Burrus a fait prospérer le domaine agricole de Milandre durant des décennies.
Peut-être avez-vous croisé Benoît Burrus sur les routes de Boncourt, cavalier intrépide sur son tracteur géant, tirant une immense remorque chargée de foins à destination des agriculteurs français ou suisses. Né en 1962, le bonhomme est rond et trapu, parlant haut et fort, tout en gouaille et volontiers hâbleur. Voici Benoît Burrus, le dernier des Burrus de Boncourt ! Une figure locale haute en couleurs qui défraye souvent la chronique boncourtoise par ses frasques sociales.
Il est un des fils d’Alfred Burrus né en 1928 et de Blandine Goffinet, née en 1925. Solide et charismatique personnage, Alfred Burrus a fait prospérer le domaine agricole de Milandre durant des décennies. Pour la petite histoire, Martin Burrus, l’ancêtre de tous les Burrus d’Alsace et de Suisse s’est établi avec sa famille en 1820, près du village de Boncourt...
Il loua la très ancienne ferme de Milandre, la métairie du château. Puis, un de ses petits-fils, Pierre-Louis, poursuivra l’exploitation du domaine, préférant creuser les labours que suivre avec ses frères le filon du tabac hérité de leur père François-Joseph. Pierre- Louis est resté paysan, comme après lui, son fils Alfred (1868-1919), Jean (1902- ?), Alfred (1928- ?) et le fils aîné de ce dernier, Benoît, repreneur du domaine familial de Milandre en 1997.
Alfred, le premier, (né en 1868) avait construit à la fin du XIXe siècle une très grande ferme près de la maison initiale de son ancêtre. A cette époque, le domaine couvrait une surface de 50 hectares. Alfred a de l’ambition. Son terrain abrite une ressource qui n’est pas encore exploitée : les grottes de Milandre. Conscient du potentiel, il ouvre ce fabuleux réseau souterrain au tourisme pour diversifier ses activités. Il s’improvise guide et organise des visites dans les galeries à la recherche de la fée Arie. On vient de loin pour visiter les fameuses grottes de Milandre à la lumière des lampes à acétylène.
A sa mort, Jean, son fils aîné, né en 1902, aurait dû hériter de l’ensemble. Mais des problèmes de succession vont réduire à moitié l’emprise du domaine. Pour couronner le tout, une mésentente familiale conduit à la vente de la grande ferme. Jean en devient à moitié fou, à tel point que ses crises de démence le poussent à rentrer avec son cheval dans l’église du village durant la messe dominicale !
Le fils de Jean, Alfred (né en 1928), reçoit en héritage l’unique ferme de l’ancêtre Martin Burrus. Il est passionné par l’arboriculture. Alors que son fils Benoît tourne dix hectares de champs avec son tracteur en pressant sur des boutons, il faut une seule petite journée à Alfred pour retourner un seul hectare avec une charrue tirée par trois bons chevaux avoinés !
A la reprise du domaine, Alfred a hérité de 28 hectares, puis le domaine s’agrandit avec la location d’une vingtaine d’hectares supplémentaires. Connaisseur, Alfred plante de nombreux arbres fruitiers : pommier, poirier, cerisier, prunier, coing… Il produit beaucoup d’eau-de-vie, particulièrement de la Damassine. Mais sa spécialité, c’est la Juramine, une eau-de-vie à base de différentes variétés de pommes, dont une en provenance de Normandie. Son épouse fabrique des liqueurs d’eau-devie : du guignolet, de la liqueur de cerise et du vin de noix. Le domaine d’Alfred est une référence dans le Jura. L’ordre et la propreté du domaine, la qualité du bétail, la mise en culture des céréales d’affouragement, le verger magnifique font l’admiration des visiteurs.
Bien des décennies plus tard, après la mort d’Alfred, force est de constater que le domaine est tombé en désuétude même si Benoît poursuit l’oeuvre paternelle avec la livraison du fourrage. Dégradée, la maison ancestrale des Burrus, fierté d’Alfred, aurait besoin d’une véritable restauration. Espérons que l’approche des 200 ans de l’arrivée de Martin Burrus puisse conduire le dernier des Burrus de Boncourt à accueillir familles et cousins dans des conditions dignes du lieu de ses ancêtres…